L’Etape du Tour, Albertville – Val Thorens, 21 Juillet 2019: Chaud derrière!

Nouvelle édition de l’étape du Tour, « La » cyclosportive dans la trace du Tour de France qui célèbre le centième anniversaire du maillot jaune, ce rendez-vous annuel que tous les cyclistes du monde souhaitent découvrir. Une fois encore organisée sur le fabuleux terrain de jeux que sont nos montagnes de Savoie. D’avis de connaisseurs elle s’annonçait redoutable en tout point. Et nous n’avons pas été déçus !

Un parcours original qui, derrière son faible kilométrage apparent (car si l’on prend en compte le retour, celui-ci passait de 135 à 170 kilomètres) c’est bien le dénivelé proposé qui posait problème, parce que 4500 mètres de D+ pour 135 kilomètres, cela devient une autre « paire de manche ». L’arrivée à la station de Val Thorens, plus haute station d’Europe, qui pour l’occasion avait tracé une route sur une piste de ski pour agrémenter la sauce savoyarde, n’annonçait rien de bucolique. N’en déplaise aux marmottes.

Et la météo ! Ce fameux empêcheur de tourner en rond des cyclosportifs en 2019 ! Et bien là encore ce fût bien compliqué. Sur le village départ à Albertville, « Didi », le fameux diable du Tour de France aurait dû nous mettre la puce à l’oreille, cela allait être « chaud bouillant » ! C’est d’ailleurs pour cette raison, et sans doute pour bien d’autres, dont mon implication sur ces derniers jours de préparatifs, que je me suis contenté d’atteindre la belle station de St Martin de Belleville, 3500 mètres de D+ m’auront suffi. « Pain is so Close to Pleasure », chantait celui qui n’est plus un anonyme cette année : Freddie MERCURY, (le groupe QUEEN qui proposa aussi un entêtant « Bicycle ! »), mais il y a des limites !

Car en bon Savoyard, j’ai appris à ne pas me plaindre de la météo, je fais avec. En effet je n’ai pas oublié qu’il y a deux semaines il neigeait sur la station de Val Thorens : imaginez le désastre !

Alors certes trouver de l’eau a été un vrai problème sur cette édition, j’ai fait une queue de 15 minutes pour pouvoir tremper les mains dans une fontaine au kilomètre 9 de la dernière montée sur Val Thorens (ce qui a fini par m’achever), mais il fallait s’y attendre. J’ai recueilli de nombreux témoignages de très bons cyclistes, des habitués des raids au long cours qui en ont souffert. Pour la première fois ils découvraient ce qu’étaient les crampes et autres signes quand le corps dit : « T’es fou ou bien ! ».

Ce long mais indispensable préambule pour revenir à une organisation toujours au « top », malgré tous les petits défauts inhérents à ce genre d’épreuves de masse organisées dans des lieux improbables. Des lieux magiques qu’il faut savoir respecter ! Et c’est dans cet esprit que nous avons travaillé d’arrache pied avec l’équipe d’A.S.O tout au long de l’année. Notre mission GREEN CYCLING a ainsi évolué cette année, et cette évolution pourrait nous conduire à améliorer encore nos actions dans les années à venir. Plus que de simples cyclistes témoins des comportements dans le peloton, une partie d’entre-nous s’est davantage impliquée tout au long des 3 jours, sur le village départ à Albertville, comme sur le parcours. J’en profite pour remercier tous ceux qui m’ont aidé vendredi et samedi sur le stand qui nous a été offert, entre celui de l’entreprise Tri Vallée qui gère pour l’étape du Tour tout ce qui concerne le recyclage, le nettoyage, le suivi environnemental. Mention spéciale pour Stéphanie, la chargée de communication de l’entreprise avec qui nous avons passé ces 2 journées bien actives. Et celui des bénévoles, tout de orange vêtus, qui donnaient une partie des « goodies ». Côté Green, je ne vais pas citer tous ceux qui se sont impliqués, mais je me dois de rappeler que Gilles MAINE a été une pièce maitresse pour notre équipe. Merci à lui, suivons son exemple…

Chez A.S.O. De Thomas DELPUECH, avec qui nous avons préparé nos actions, en passant par Pascal QUATREHOMME et les indispensables Marlène RAGOT et Adeline CLEMENT, tous les quatre nous ont reçus de bien belle manière. Un merci à eux ici aussi, nous avons tenter de faire de notre mieux pour cette nouvelle façon d’intervenir, sans doute avec les défauts d’une « première », mais nous avons « donné le maximum ».

Car, pour finir, le principal : Nous avons donc, lors de la tenue de notre stand, contribué à faire passer le message très ferme de l’organisation en matière de « zéro déchet » sur la route. Devant l’affluence, nous avons ainsi donné une partie des pochettes prévues à cet effet avec le petit message en français ou en anglais car sur les 16.000 inscrits, plus de 30% ne parlent pas la langue du Tour. Nous avons ainsi apporté notre pierre à l’édifice, plus de 3500 pochettes sont passées par nos mains. Nous avons aussi développé ce message sur le podium du village avec 3 interventions programmées sur le vendredi et le samedi.

Le jour « J », nous étions donc une douzaine de patrouilleurs venus d’horizons diverses et avec des objectifs ciblés. Une partie d’entre nous (dont moi) avions pour mission de ne pas « faire la course », mais d’ouvrir l’œil, et de prendre en flagrant délit les cyclistes au comportement inapproprié. Cette année les consignes étaient « claires et nettes » : les membres de notre équipe Green Cycling, aidés par les signaleurs et autres bénévoles sur le parcours, soient 412 personnes, étaient habilitées à transmettre les numéros de dossards des fautifs avec une sanction ultime : la mise hors course ! Une autre partie d’entre-nous ouvrait l’œil, mais pédalait vite, toujours dans l’idée de « montrer le maillot », et de faire comprendre que la patrouille n’est pas faîte que de « redresseurs de torts » frustrés, mais aussi d’excellents cyclistes qui veulent montrer l’exemple et qu’il est possible d’être performant et respectueux de la belle nature que nous avons traversée ce dimanche 21 juillet ! Mention spéciale à nos amis Norvégiens, Jonas qui termine douzième de l’épreuve, avec une amicale pensée pour son compagnon Jon BREIVOLD qui aurait dû être sur le podium en regard de ses récentes et faciles victoires sur la Trilogie de la Maurienne la semaine passée. Oui mais voilà, son vélo a cassé le samedi soir, et le mulet qu’il a trouvé ne lui a pas permis de devancer ceux qu’il avait contenus en Maurienne. Et puis ne pas oublier notre américain Rob ALPEN qui en terminant à la 52 ème place montre que la quarantaine n’est pas un obstacle infranchissable. Mes 20 ans de plus ne sont donc pas une excuse.

Concrètement, résultat des courses côté « Green » : et bien il ya avait encore pas mal de déchets sur la route, mais beaucoup, beaucoup moins que d’habitude. Je n’ai personnellement pas vu de mes yeux vu de cycliste rejetant quoique ce soit, j’ai même plutôt constaté que les cyclistes faisaient des efforts pour remettre leurs déchets dans les pochettes offertes par l’organisation, ou dans leurs poches. Sur les premiers ravitaillements, tout le monde vidait sagement ses poches dans les poubelles, beau à voir ! Un bémol : le dernier ravitaillement à Moutiers ! Mettons ça sous le coup de la fatigue accumulée, ou sur l’étroitesse du site proposé, mais ce n’était pas beau à voir. Les bénévoles avaient vraiment du mal à garder le site propre, et pourtant ils se donnaient de la peine. Bravo à eux ! Je pense, sans avoir encore de retour officiel, mais en regard de nos habitudes et des retours qui sont les nôtres que si cette édition n’a pas été parfaite côté environnement, elle a été bien meilleure que les précédentes, nous sommes sur la bonne voie. Par contre, pour ce qui est des « incivilités », il y a encore beaucoup à faire.

Par exemple, les cyclistes qui ne partaient pas dans leur SAS étaient aussi annoncés « hors courses ». En effet la procédure des départs est si bien organisée, que le moindre grain de sable peut tout gâcher. Et si des numéros de SAS sont attribués, ce n’est pas que pou brimer les uns ou avantager les autres (même si à cet égard, ce sont tout de même toujours les plus lents qui sont soumis aux pires conditions météorologiques, ce qui pose tout de même un problème éthique). Aussi je me suis permis de relever les numéros de dossards de ceux qui avaient volé ces départs, pas de tous ceux que j’ai vus, mais d’un bon tiers de ceux-ci. Je les ai transmis à l’organisation. Pas simple à faire d’un côté pratique. J’ai opté pour des arrêts réguliers, et des notifications par SMS pour ne pas faire d’erreur. Mémoriser 2 numéros de dossards, c’est simple, mais au-delà ! En plein effort ! Avec les séquelles de mon accident de 2015 qui se rappellent à moi à chaque fois que je déchausse et que je rechausse…

Enfin je n’ai pas oublié de noter le dossard du cycliste que j’ai vu sans casque ! Un seul regret, ne pas avoir transmis les numéros des cyclistes inconscients qui ont descendu à contre-sens, et dans une totale illégalité la D96 vers Moutiers. S’il n’y a pas eu d’accident, c’est que le Bon Dieu du vélo a été plus fort que Didi le Diable tactile (m’a-t-on dit de source sure).

Il nous faudra encore des semaines pour avoir des retours sur cette nouvelle forme d’implication des Green Cycling, mais ce travail devrait nous conduire à faire d’autres belles propositions en la matière.

Les déchets, le plastique deviennent des enjeux forts dans l’opinion publique, nul doute que nos actions devront être encore davantage reconnues dans les années à venir. Cela semble inévitable. Souhaitons que notre expérience soit connue et reconnue car qui mieux que ceux qui sont au milieu du peloton pour vivre, donc comprendre, donc tenter d’apporter des solutions utiles et réalistes pour améliorer la situation ? Et notre implication ne date pas d’hier !

A suivre…

Vincent