L’Alpin Bike, Cimes du lac d’Annecy, 23 Août 2020: L’envol du Cagou…

Cette nouvelle édition des Cimes du Lac d’Annecy, organisée par l’équipe de LVO proposait des nouveaux parcours aux cyclistes en mal d’épreuves de qualité, d’épreuves tout court. Et je ne sais pas si c’est parce qu’ils se rapprochaient encore un peu plus de chez nous, mais nous les avons trouvés encore plus beaux pour découvrir le Parc Naturel des Bauges. Déjà parce que la vue sur le Lac du Bourget depuis le Mont Revard est fantastique, même partiellement cachée par les nuages cette année, mais aussi parce qu’il évite la descente du col de Plainpalais côté Chambéry, cette route trop fréquentée par les voitures le dimanche matin. Bravo et merci pour cette initiative.

Bravo et merci aussi pour la constance de l’équipe qui s’est parfaitement adaptée aux mesures sanitaires de cette année 2020. Les cyclistes semblent avoir bien compris l’importance de ces gestes barrières et s’y sont pliés, masques sauf pendant l’effort, gel hydro-alcoolique à portée, respect des distances de sécurité lors de la remise des récompenses.

Mais cette édition a été marquée pour moi par la présence d’un jeune ami venu du bout du monde, la Nouvelle-Calédonie, Hugo Pommelet, seize ans, champion de Nouvelle-Calédonie de cyclisme sur piste. Hugo est passé par la Savoie avant de rejoindre le pôle France Outre-mer de Hyères, les J.O de 2024 se préparent dès aujourd’hui, dès les Cimes du Lac.

Car nous, cyclistes, nous amoureux des beaux paysages, de la nature et des environnements préservés et à respecter, avons au moins deux points communs avec nos amis du bout du monde.

Côté cycliste, en ne rappelant que deux de nos plus grands champions sont de et en Nouvelle-Calédonie, Félicia Ballanger, Laurent Gané : ils représentent rien qu’à eux deux, 5 médailles d’or aux Jeux Olympiques et 18 titres de champions du monde !

Côté environnement, l’oiseau fétiche du « Caillou », cet oiseau endémique qui ne vole pas (pas de prédateur à l’origine) et qui a résisté à l’arrivée de l’homme sur ses terres, le Cagou (emblème des sportifs de Nouvelle-Calédonie) est toujours là pour nous rappeler que ce petit bout de France (depuis 1853, la Savoie elle n’est « française » que depuis 1860) est le premier et plus grand site français inscrit au patrimoine naturel mondial de l’UNESCO, que ses Lacs du Sud sont protégés par le traité de Ramasar, que les Calédoniens sont en train de construire le plus grand espace naturel marin de la planète, pour le préserver ! Dans ce Pacifique Sud où se forme un peu plus loin ces continents de plastiques, faits peut-être en partie parce que nous, simples cyclistes, laissons tomber de nos poches, ou, plus sournoisement, jetons dans la nature sans y réfléchir vraiment, ces topettes, bouts de papiers gras et sucrés…

Voilà pourquoi cette année, penser Nouvelle-Calédonie et Cagou, c’est aussi penser, c’est toujours penser vélo et environnement. Pour la photo de groupe traditionnelle prise au départ avec notre équipe de Green, hasard ou pas, notre gentil photographe a mal appuyé sur le bouton lorsque nous avions entre nos mains notre étendard « éco-cyclo », mais il a été efficace lorsque nous tenions le drapeau du bout du monde ; un signe ?

Parce que sur les épreuves organisées par Ludovic Valentin, traditionnellement, les cyclistes semblent particulièrement respectueux des consignes données au départ de non rejet, d’élimination des contrevenants. Cette année, j’ai tout de même trouvé un peu de relâchement par rapport aux éditions précédentes. Certes les conditions particulières du départ – pas de ravitaillement solide pour raisons sanitaires, tout est fourni dans le sac d’accueil, donc à mettre dans ses poches, masque glissé dans la poche entre le sas et le départ de l’épreuve – étaient un peu spéciales. D’ailleurs j’ai vu au kilomètre 5 une barre de céréales neuve sur la route et au kilomètre 7 un masque sur le bord de la chaussée, mais j’ai aussi et surtout vu une bonne douzaine de topettes éparpillées sur nos si belles routes, dont une à 3 kilomètres de l’arrivée (pour quelle efficacité nutritionnelle et sportive ? Pas un peu trop tard ?). Donc peut toujours mieux faire. Doit toujours mieux faire, surtout si nous devons toujours rouler avec cet élément supplémentaire dans la poche, le masque.

Mais ceci dit, quels beaux paysages, quelle belle course, et 1200 participants répartis sur les 2 jours de vélo, dont 950 inscrits pour le dimanche, si ça ce n’est pas une belle réussite.

Bien sûr comme encore et toujours un niveau toujours plus relevé, nos amis David Polveroni ou William Turnes, que nous croisons toujours avec plaisir, ne caracolent plus en tête des pelotons. Cette année un autre Savoyard s’est fait remarqué, le très talentueux skieur de Courchevel Alexis Pinturault qui sait bien ce que cyclisme et nature veut dire.

Côté Green Cycling, les anciens de notre groupe Jean-Paul Gibelin et Mireille Dupuy ont affronté le difficile parcours des 98 kilomètres et 2440 mètres de D+ via le col de Leschaux, deux fois et le Mont Revard. Un parcours que j’ai effectué en mode randonnée, un parcours sur lequel Victoria Alpen a triomphé dans sa catégorie d’âge. Elle en a surtout profité pour remporter le challenge Rotor 2020 et pour conserver sa tunique de leader de l’année revêtue en Maurienne. Bravo.

Pour cette édition,Duncan Alexander nous a fait le plaisir de nous retrouver, sur le grand parcours qui rajoutait le Semnoz pour 3200 mètres de D+, il prendra une excellente 27 ème place, à 9 minutes du vainqueur suisse Raphaël Addy et du Belge Frederic Glorieux. Alexander montera sur le podium de sa catégorie pour rappeler que la « Green attitude » marque par sa constance.

Et pour en revenir à notre Cagou, le tout jeune Hugo, nouveau recordman junior de la poursuite (en battant de 2 secondes le record de 1994 sur le vélodrome de Nouméa il y  a deux semaines), donc pas taillé grimpeur, Hugo a eu la gentillesse de partir derrière le groupe aux côtés de Victoria, puis semble s’être fait un malin plaisir pour reprendre un à un les cyclistes partis un peu trop vite sur ce parcours usant. Il mettra 3h36 sur ces 98 kilomètres, lui qui n’avait jamais monté un col de plus de 7 kilomètres, une belle expérience.

La boucle est presque bouclée (encore un rendez-vous promis en Corse en octobre), l’année 2020 touche à sa fin, et dans quelques jours le départ du Tour de France, tout de même étrange tout ça.

Un seul mot d’ordre me vient en guise de conclusion : « Respect », un mot qui fait partie intégrante de la culture orale dans le Pacifique Sud, mais un mot qui doit retrouver un « sens ».

Respect de notre environnement, respect des autres donc respect de nous-mêmes. Un bel objectif pour les années à venir.

CPT.com

08/2020

Green cycling

Texte et photos: VH/LVO

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